La séance d’informations tenue entre les experts de la Banque mondiale et le ministre de l’Agriculture, des Biocarburants et de la Sécurité alimentaire n’a pas été de tout repos pour ce dernier, qui a fini par quitter la salle avant la fin des travaux, alléguant son indispensable participation aux opérations d’investiture du Parti démocratique sénégalais (Pds) en vue des prochaines élections.
Selon les experts de la Banque mondiale, qui recevaient hier le ministre de l’Agriculture, des Biocarburants et de la Sécurité alimentaire, « au-delà du plan Reva, le secteur primaire sénégalais souffre d’une mauvaise orientation politique concernant la filière arachide et l’industrie de transformation, la Sonacos ». Mais également de « la timide implication du secteur privé », de « l’insuffisant niveau de formation de cadres spécialisés en la matière et d’institutions capables de s’approprier les projets de développement tels le plan Reva ». Selon Adama Touré, expert de la Banque mondiale en agriculture, qui s’est dit désolé d’avoir à critiquer la politique gouvernementale, en ce qui concerne la Sonacos, « les orientations de l’Etat peuvent déboucher sur une augmentation de la quantité d’huiles étrangères et sur le long terme, sur la mort de la filière arachide ». Tout en saluant l’initiative prise par les pouvoirs publics de mettre en œuvre un plan susceptible d’entraîner des innovations majeures dans le secteur de l’agriculture, comme la création des pôles agricoles spécifiques à des productions choisies, l’expert n’en a pas moins déploré « le manque d’écoles de formation spécialisées ». Des critiques que le ministre n’a pas partagées. En effet, pour Farba Senghor, « il ne s’agit là que de théories infructueuses face aux urgences du monde rural où les populations n’ont pas besoin de formation, mais de quoi se nourrir avec leurs familles ». Estimant que le secteur privé est au premier rang des partenaires de l’Etat pour un développement harmonieux de l’agriculture, M. Senghor a invité les experts de la Banque mondiale à ne pas disserter sur des généralités, mais à mener une réflexion visant le niveau le plus bas de ce secteur. « Les théories ne permettent pas à l’Afrique et au Sénégal d’avancer. Il faut des actes concrets, de la pratique, comme le plan Reva, qui est un élément de la politique agricole pensée par le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, en vue d’amener les populations de la campagne à atteindre l’autosuffisance alimentaire et la sécurité alimentaire », a-t-il rétorqué aux experts des bailleurs de fonds, avant de se retirer de la rencontre, laissant sur place les membres de son cabinet.
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