La circoncision réduirait la contamination par le virus du Sida chez les hommes hétérosexuels d’après des études menées en Afrique, selon l’Oms et l’Onusida qui recommandent mercredi le recours à cette pratique, soulignant toutefois qu’elle doit être associée avec les autres modes de prévention.
S’appuyant sur trois études différentes menées au Kenya, en Ouganda et en Afrique du Sud, où la circoncision a réduit entre 55 % et 60 % le risque de transmission hétérosexuelle du Vih, le directeur du département Vih/Sida de l’Oms, le Dr Kevin de Cock, a expliqué mercredi que « la circoncision doit être reconnue comme un moyen supplémentaire de protection », même s’il reste « incomplet ». « Cette approche supplémentaire ne doit pas remplacer une stratégie de protection » globale, avec notamment l’utilisation du préservatif, a tempéré Kevin de Cock lors d’une conférence de presse à Paris. Cette recommandation résulte d’une consultation d’experts internationaux ayant étudié les résultats de ces trois études. Réunis à Montreux (Suisse) le mois dernier, ils en ont déduit « une preuve forte » de la réduction du risque de contamination du Vih chez les hommes circoncis. L’effet « protecteur » de la circoncision pourrait s’expliquer de deux manières, a précisé le chercheur français Bertrand Auvert de l’Inserm, qui a mené une étude en Afrique du Sud sous l’égide de l’Anrs (Agence nationale de Recherche sur le Sida et les hépatites virales). Par la circoncision, on retire le prépuce, « membrane très fine dans laquelle se situent des cellules très actives » où le Vih, qui utilise le système immunitaire de la personne, peut se développer. En le supprimant, « on réduit la surface d’entrée ».
L’autre explication serait que « l’ablation » du prépuce élimine « une surface humide qui permet au virus de survivre », a indiqué Bertrand Auvert qui a suivi deux groupes de jeunes hommes, circoncis et non circoncis, hétérosexuels actifs à Orange Farm. Cette recommandation vise donc « les pays où l’épidémie est grave, avec une population d’hétérosexuels peu circoncis », à savoir les pays d’Afrique australe et d’Afrique de l’Est.
Mais elle pourrait avoir un effet pervers : faire croire que la circoncision suffirait, a reconnu le Professeur Jean-François Delfraissy, directeur de l’Anrs. « Nous sommes tous responsables (...), les décideurs et les directeurs d’agences » onusiennes comme les médias, « sur les messages à faire passer » quant à l’importance de continuer à utiliser le préservatif, a noté le Pr Delfraissy.
De plus, « juste après la circoncision, les six semaines qui suivent, le risque est très important » de contaminer sa partenaire, a-t-il ajouté. Et les hommes circoncis séropositifs « peuvent transmettre le virus ».
Au-delà de l’acte chirurgical, qui requiert une formation médicale et de bonnes conditions d’hygiène, la circoncision pourrait rencontrer des obstacles culturels, et là encore, l’Oms et l’Onusida prônent l’information, pour qu’elle « devienne vue et acceptée comme quelque chose de normal », a ajouté Kevin de Cock.
Actuellement, on estime que 665 millions d’hommes sont circoncis, soit 30% de la population masculine dans le monde, des musulmans pour les deux-tiers d’entre eux.
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