Wade aux détracteurs du Monument de la renaissance : «Vous voyez pire et vous ne dites rien»

Le président de la République, Me Abdoulaye Wade ne s’est pas limité à parler d’éducation, hier, en présidant la Conférence nationale des enseignants de la Génération du concret. Loin s’en faut. Le chef de l’Etat qui tient tant à son Monument est carrément passé à la contre-attaque.

Devant le flot de critiques, les unes plus acerbes que les autres, venant des marabouts, des imams, des hommes politiques et de certains milieux économiques et intellectuels, le président de la République qui est, du reste, le promoteur du fameux ‘Monument de la renaissance africaine’ qui culmine à plus de cinquante mètres sur l’une des Mamelles à Ouakam avait gardé un silence assourdissant depuis sa sortie contre certains imams.

 Quelques-uns de ses partisans ont essayé, tant bien que mal, de défendre le bien-fondé du monument, mais sans être audible devant tant de critiques. Hier, en présidant la conférence nationale des enseignants de la Génération du concret au Cices, c’est le président de la République en personne qui est monté au créneau pour dire ses quatre vérités à ceux qui se sont manifestement opposés à la construction de ce monument, dont la grande majorité est constituée d’imams et de marabouts qui font valoir des arguments religieux. A ces derniers, le chef de l’Etat et concepteur de la statue a tenu, d’un ton à la limite de l’exaspération, à dire ceci : ‘Je dis que vous les croyants, vous voyez pire et personne ne dit rien’.

 Pour mieux balayer les arguments de ses détracteurs, le président de la République laissera entendre qu’il a fait remarquer, avant-hier (dimanche, Ndlr), à un de ses amis chrétiens qu’à sa connaissance ‘quand on est dans une église, c’est pour prier un autre qui n’est pas Dieu, c’est Jésus qu’on prie.. Pourtant on n’a pas cherché à casser les églises. Comme tout le monde, je passe devant les églises sans m’occuper de ce qui se passe à l’intérieur.

C’est cela la tolérance’. Poursuivant son propos pour convaincre les adversaires les plus irréductibles du Monument de la renaissance, Me Wade a puisé ses exemples chez deux grandes figures des deux plus grandes confréries au Sénégal : à savoir la Tidjaniya et le mouridisme. ‘On m’a rapporté qu’El Hadji Malick Sy et Cheikh Ahmadou Bamba à Saint-Louis passaient devant le monument de Faidherbe et celui de Van Vo - dans ce pays il y a tant d’autres monuments - et personne n’a rien dit. Or, c’est à ces personnes-là que nous avons fait allégeance et sur qui nous portons tous nos espoirs’, dira le chef de l’Etat sur un ton ferme. Me Wade a annoncé dans la foulée que l’Isesco (pendant de l’Unesco dans le monde musulman) lui a écrit une lettre pour lui dire que si le monument n’est pas fait dans un but d’adoration , il n’y a pas d’inconvénient. Poursuivant, le président de la République qui a promis de revenir sur ‘les origines et les développements’ du Monument de renaissance africaine dans un message à la nation après le nouvel an, a indiqué, pour que nul n’en ignore, que ‘ce monument est fait pour sa beauté et son message’, mais non pour une quelconque adoration.

‘Ce monument vaut pour son esthétique et pour ce qu’il symbolise : la renaissance de l’Afrique. Vous pensez qu’un Américain va venir devant ce monument pour des prières ? S’il vient ici, c’est pour voir que l’Afrique est en renaissance’. Revenant sur la genèse du Monument de la renaissance africaine, Me Wade dira que c’est une idée qui a été développée par Thabo Mbéki, l’ancien président sud-africain. ‘Mais, j’avais une avance sur eux, parce que je l’avais déjà écrit sur mon livre.

Et lorsque j’ai proposé la maquette, ils sont tous venus ici poser la première pierre. C’est le président Obansajo du Nigeria qui a posé la première pierre. Donc, c’est un monument africain et non sénégalais’, a expliqué Me Wade devant les enseignants Sopi favorables à sa politique éducative. Et d’insister une fois de plus en faisant savoir que ‘le Monument de la renaissance est pour l’Afrique et non pour le Sénégal’.