LE MATIN - Comment jugez-vous les résultats des deux représentants sénégalais en coupe d’Afrique des clubs ?
Amsatou FALL - Ce sont des résultats satisfaisants. A la limite, je dirai même que ce sont des résultats surprenants et inattendus parce que nous avons rencontré deux grandes équipes marocaine et ghanéenne qui ont respectivement 19 et 17 matchs dans les jambes. Ce n’est pas rien.
A l’analyse des paramètres de performance, on sait très bien que les performances d’un joueur qui court des kilomètres sont différentes de celui qui ne joue pas. Cela montre que le football sénégalais est bon parce que malgré le manque de compétition, nous sommes arrivés à battre nos adversaires.
Cependant, il va falloir, au niveau de l’organisation de notre football, qu’on soit plus professionnel pour permettre aux jeunes d’être à la hauteur de nos attentes. A l’analyse des valeurs intrinsèques, on peut égaler n’importe quel footballeur d’Afrique. Il y a de petits détails qui font la différence, notamment le manque de rythme.
Même si on a gagné sur les deux matchs, on a visiblement senti un manque de rythme tant du côté de la Linguère que du côté du Jaraaf. Il est clair qu’avec ces équipes en pleine compétition, cela aurait été très différent.
J’en veux simplement pour exemple le tournoi de l’Uemoa au Bénin qui s’est déroulé au moment où nous étions en pleine compétition. L’équipe nationale locale a survolé le tournoi avec en plus du trophée, les titres de meilleur buteur, de meilleur gardien, de meilleure attaque et de meilleure défense. Cela montre que lorsqu’on est en pleine compétition, on peut avoir des jeunes qui peuvent rivaliser d’arguments avec n’importe quelle équipe.
Que faudrait-il faire pour que notre football soit compétitif ?
Il va falloir harmoniser notre calendrier avec celui des compétitions internationales. Il faut éviter que les compétitions africaines débutent alors que notre championnat n’a pas encore démarré. Cela permettra de soulager nos joueurs parce que physiquement, au niveau de l’impact, le Maroc était largement supérieur au Jaraaf.
Sur le but, cela s’est ressenti parce que si on était en pleine compétition, je ne pense pas que le but que le Jaraaf a pris serait rentré. Car avec des joueurs compétitifs, le contre ne serait pas arrivé à terme. Souvent, j’éprouve de la pitié envers nos joueurs parce que très souvent, on leur demande d’aller au-delà de leurs limites. On leur demande l’impossible.
En termes de bilan, on peut être satisfait même si la victoire du Jaraaf laisse un goût d’inachevé parce que les Marocains ont une moyenne d’un but par match et à domicile. Cela risque d’être compliqué pour notre représentant. Ceci d’autant plus qu’ils auront l’appui du public et ils auront à faire tout ce qu’il faut pour gagner.
Donc, je crois qu’à deux buts à zéro, on aurait pu voyager plus tranquillement au Maroc. Cependant, nous sommes en football et tout est possible. Si nos joueurs se concentrent sur le sujet et s’ils se transcendent, je crois qu’ils pourront obtenir la qualification.
Le début du championnat avant les matchs retour ne sera-t-il pas salutaire pour nos représentants ?
Effectivement, cela pourra les aider même si je pense que ça sera insuffisant dans la mesure où les Marocains et les Ghanéens vont aussi jouer. Et ils seront respectivement à 21 et 19 matchs dans les jambes. Donc la différence est très notable.
Mais en football, comme je l’ai déjà dit, tout est possible. Déjà, le fait d’avoir fait des bons résultats est satisfaisant pour nos représentants. Cela montre que notre football est bon. Mais il va falloir qu’au niveau de l’organisation et de la gestion, qu’on élève notre niveau. Et à partir du moment où on élèvera le niveau, je suis sûr que nos footballeurs également pourront progresser davantage.
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