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ATTENTE - Cinquième campagne de la «génération Diouf» : L’Histoire a une faim

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ATTENTE - Cinquième campagne de la «génération Diouf» : L’Histoire a une faim

Au moment de lancer, ce soir face aux Eléphants, leur cinquième et sans doute dernière campagne internationale, la «génération Diouf» n’a qu’une urgence : redevenir une équipe pour gagner enfin le trophée qui manque au football sénégalais.

Les matches dits amicaux ont perdu de leur intérêt populaire d’antan. La faute à la sauvage compétition qui a fini d’assassiner sur la place publique les parties entre «amis», les émotions partagées, le jeu sans enjeu. Le temps présent aime trop la sueur et le sang pour envoyer le Sénégal-Côte d’Ivoire de tout à l’heure émarger au rayon des matches comptant pour du «beurre».

Le face-à-face de cet après-midi, sorte de duel de fieffés orgueilleux confinée dans la catégorie des rencontres privées d’attrait moderne, ne cultive pas la douce prétention d’embraser la fausse amitié sénégalo-ivoirienne. Mais il garde en lui un savoureux paradoxe : il ne réserve que des plaisirs ordinaires, mais ne sera jamais un match ordinaire. Non pas par la faute des «volontaires du foot» qui peuplent deux sélections sans génie, mais plus par l’évidence que ce match de rentrée, sorte d’aube nouvelle, recèle d’enjeux majeurs pour la «tanière» : semer dans la tête des Lions les exigences des échéances futures, ériger à nouveau des principes d’une envie et d’une vie communes dans l’oubli définitif des malaises hérités du changement de gouvernement, dissiper, enfin, la sourde nostalgie qui ne quitte plus cette équipée nationale. Une génération en son crépuscule qui, pourtant, se veut l’étendard d’un nouveau courant porteur, qui promet une énième fois d’envoyer «son» peuple au ciel. De ne plus le planter là, au beau milieu de l’ascenseur, dans une sorte de no man’s land du destin. C’est curieux, cette tendance de la «génération Diouf» à tout faire très bien ou tout très mal. D’enfermer l’histoire de sa présence aux compétitions internationales dans une logique manichéenne, une lumière de grand écart. Soit elle passe au travers dans les grandes largeurs et rentre à la maison avec l’escorte des rumeurs et des fureurs (Can 2004 et 2006). Soit elle atteint l’objectif, quelque chose qui ressemble à un peu de gloire (Can et Mondial 2002).

Mais qui voudrait de ce bilan tiède qui raccompagnerait une génération tiède ? Lamine Diatta, capitaine en rogne contre un destin promis de «perdant magnifique», a crié sa faim d’Histoire : «Y en a marre ! C’est beau de battre la France (1-0, ouverture du Mondial 2002), c’est beau d’aller en finale (Mali 2002) ou en demi-finale (Egypte 2006) de Can, il faut maintenant marquer l’Histoire. Et marquer l’Histoire, c’est gagner un trophée et 2008 est l’occasion ou jamais.» Aujourd’hui, la «génération Diouf» se serait donc décidée à tenir enfin ses promesses, à ne pas sortir dans cette sorte d’entre-deux, au beau milieu de ses fiertés et de ses regrets. Un peu au-dessus de l’échec, un peu en-deçà de la réussite.

«Ghana 2008» lui offre une occasion inespérée de se tirer avec panache. Dans une sorte de gloire éternelle, que le cynisme du temps ne saura gommer des mémoires, qui viendra enjoliver les derniers échecs, tisser un lien doré avec la mythologie originelle de 2002.

Mais à l’aube de la cinquième campagne internationale de la génération Diouf, la question qui se pose est la même qui accompagne les réflexions depuis quatre ans : pourquoi les mêmes causes, c’est-à-dire les mêmes joueurs, ne produiraient-ils pas les mêmes effets ? Au-delà du vieillissement inévitable de «héros» qui vivent avec le soupçon de triche dans la datation de ses os de footballeurs, c’est à un jeune homme de 60 ans de résoudre cette curieuse incapacité, partagée aussi bien par les acteurs que les observateurs, à trouver un lien prégnant entre les savoureuses histoires passées et l’Histoire.

La mission assignée à l’alchimiste Franco-Polonais n’est pas de jouer le méchant gendarme derrière les violeurs de la bonne conduite, ni de changer le vilain plomb en or. Henryk Kasperczak doit plutôt dégotter cette potion (magique ?) qui redonnera à la sélection sa capacité d’être une équipe. De redevenir une phalange unie, sur et en dehors du terrain. Car être une équipe, tactiquement, techniquement, socialement, réclame des efforts que les Lions, du moins leurs hauts cadres, n’ont pas forcément fait depuis 2002. Une humilité qu’ils n’ont plus revendiquée depuis la fameuse odyssée asiatique.

Dans une manière d’hommage à la théorie du battement d’aile d’un papillon, une frange de la critique, qui a le don de savoir lire l’avenir, soutient que les Lions feront ces «sacrifices», sous la double pression de l’expérience et de la nécessité de ne pas mourir entre l’échec et le rêve. De ne pas commencer à l’endroit et finir à l’envers. Henri Camara : «Qu’avons-nous fait de grand depuis 2002 ? Si on ne gagne pas au Ghana, tout ce qu’on a fait jusque-là n’aura, au fond, presque servi à rien. L’heure est venue d’aller chercher ce titre qui fera de nous la plus grande génération de tous les temps.»

La théorie séduisante porte quelque chose d’une ambition suprême. Elle dit, au moins, une volonté manifeste d’une génération de monter les marches de la postérité. Tant mieux, si cela passe par un succès sur les Eléphants ce soir. Pour la confiance qu’il peut ramener. Pour l’impact qu’il saura créer dans les esprits. Comme le signe patent d’une conquête annoncée.

 



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