COMMENTAIRE DU JOUR: Incapacité

En perdant hier vendredi devant les Black Star du Ghana, les Lions du Sénégal ont donné la preuve, à ceux qui en doutaient, de leur incapacité à réagir habilement et énergiquement quand la situation l’impose. Pour un but encaissé dès l’entame du match, il a été surprenant de voir l’équipe sénégalaise douter et sombrer jusqu’à voir ses joueurs laisser des traces de fantômes sur le terrain, à la fin de la première mi-temps. Ceci, devant l’emprise technique des Ghanéens, pourtant bien en dessous du sommet de leur football.

13 minutes de combat acharné. Puis rien. Voilà qui pourrait résumer la rencontre d’hier entre Ghanéens et Sénégalais jusqu’à la 13 ème minute qui voit le but ghanéen arriver sur une touche rapidement jouée qui lobe Lamine Diatta. Encore une fois, comme naguère, le Ghana nous a mis devant nos limites ? Quoi qu’on en dise. Et comme ses devancières des années 1970-1980, cette équipe du Sénégal a encore buté sur la fantaisie des footballeurs au foulard. Car si dans nos confrontations respectives, il est rare de voir de gros scores affichés au tableau magnétique de stades, le Ghana l’a toujours remporté devant l’équipe du Sénégal. Cela, même si l’on peut rappeler le dernier 0 à 0 de Londres en match de préparation lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2006.

Décidément, après avoir vaincu le signe nigérian, le Sénégal a un réel problème devant le Ghana. Et hier encore, les nostalgiques joueurs des équipes des années 1970, que sont les Grands Mbodji, Cheikh Fam, Assane Mboup, Badou Gaye, Oumar Diop, Bosquier, Oumar Diallo, avaient sans doute tous l’envie et l’obsession de voir ces « Lions » du moment, vaincre le signe ghanéen. En vain.

Cela à cause de l’échec d’un schéma de jeu tatillon, de la prestation indigne de notre axe central et de tout le milieu de terrain, qui à eux seuls, ont noyé toutes les capacités offensives de l’équipe. Dans ce match, loin du coaching, il faut dire que ce sont les joueurs eux-mêmes qui se sont failli et qui se sont fait battre. L’entraîneur, ne peut pas faire le jeu sur le banc de touche, en dehors de quelques correctifs. Par manque d’intelligence tactique et de lucidité et en acceptant dès le départ, de livrer un match heurté, les joueurs ont choisi un autre match à la place de celui qui devrait être le leur. Quand on sait qu’il fallait simplement attendre les Ghanéens dans notre zone et les contrer.

A la place un « fighting » qui a lessivé notre milieu de terrain et l’attaque. Ainsi, toutes les balles cueillies par Henry Camara, El Hadji Diouf et Rahmane Barry, l’ont été sur des conquêtes aériennes, jamais sur une passe linéaire venant du milieu de terrain. La première mi-temps a été jouée sur un rythme voulu et imposé par les joueurs du Ghana jusqu’à la rupture avec le but facile qui entre encore dans nos buts grâce à la vigilance et au génie du jeune attaquant Matthew Amoa.

Alors, à tous ceux qui ont invoqué un problème de coaching, (qui revient chaque fois qu’il y a défaite), la réalité du terrain, a été d’abord que notre milieu de terrain, Abdoulaye Diagne Faye en l’occurrence, que d’aucuns ont tôt fait de qualifier comme titulaire indiscutable, a montré ses limites pendant toute la première mi-temps, sur les relances et les balles offensives etc. Là où ses adversaires ghanéens réussissaient tout ce qu’ils entreprenaient. L’autre problème de l’équipe vient de notre meneur de jeu actuel, Issa Ba. Malgré sa bonne forme et sa bonne volonté, il n’a pas la capacité d’accélérer notre jeu au milieu du terrain, à partir du deuxième tiers. Trop faible, il n’a ni la vision ni la personnalité de Fadiga, encore moins la fantaisie et le culot de Diao capable de sonner la révolte dans les moments difficiles.

De là sont parties les difficultés. Et quand vous y ajoutez le manque de fraîcheur de Lamine Diatta, l’extrême niveau de sollicitation du capitaine Ferdinand Coly sur le flanc gauche très actif de l’équipe ghanéenne, le résultat ne doit pas surprendre. Je parlais tout à l’heure de Fadiga et de Diao. Dans la vivacité et le dernier geste, leur absence s’est fait dramatiquement sentir. Comme celle d’un attaquant vif et habile de la trempe de Souleymane Camara. Et comme les deux ne sont pas là et que le dernier Souleymane, n’a pas eu la confiance de l’entraîneur, il faudrait à Henry, El Hadji Diouf, (dont la sortie hier n’était pas du tout justifiée), de porter le jeu sénégalais. Ce ne fut pas fait.

Maintenant, il reste l’étape nigériane. Car pour battre cette équipe et se qualifier, le Sénégal devra jouer un autre football. Un jeu cousu joué en bloc et plus rapidement en tenant compte de nos atouts devant le but adverse. Jusqu’ici, en regardant le Sénégal jouer, l’on s’est fait peur le plus souvent jusqu’à la fin des matches. Hier, on a eu la preuve que l’équipe n’a pas encore convaincu ceux qui savent lire convenablement le jeu sur un terrain de football. Pour l’exemple d’un mauvais match à ne pas montrer dans une école de foot, celui d’hier ne peut pas se renouveler sur un terrain. Ce n’est pas digne pour des professionnels de leur trempe.

Alors, tout en précisant qu’une défaite dans une poule de cette Can, n’est pas une fin du monde, la victoire de l’équipe ghanéenne, (à féliciter pour sa réaction et sa générosité dans l’effort), devrait nous inspirer. Tout n’est donc pas perdu. Mais, pour battre le Nigeria, il faudra du jeu, du mouvement et de l’envie. Et surtout de l’imagination dans les moments difficiles.

Hier, l’équipe, à défaut d’être composée de handicapés mentaux, a montré que l’imagination dans les moments décisifs (Corners, coups francs, touches), n’était pas son fort. Et, pour ne pas prendre précipitamment le chemin de l’aéroport dès lundi, les El Hadji, Mamadou Niang, Tony (qui a fait un match de géant hier), devront se révolter intelligemment contre les Greens Eagles du Nigeria qui n’ont pas, pour leur part, fait de cadeau au Zimbabwe éliminé qui va rencontrer une équipe du Ghana revigorée et sure de son art.