Diomansy KAMARA : ‘Je jeûne comme je le fais dans mon club’

Huit mois après sa dernière apparition sous les couleurs de l'équipe nationale du Sénégal, la révélation de la dernière Can égyptienne retrouve la ‘Tanière’. Diomansy Kamara qui a passé pratiquement toute cette période à l'infirmerie, veut ‘oublier’. L'attaquant de West Bromwich Albion (seconde division anglaise) veut repartir sur de nouvelles bases. Une remise en question qui coïncide avec les changements qui sont survenus à la tête de la sélection nationale. Mais aussi, pour ce fervent musulman, une réhabilitation qui tombe durant le mois béni de Ramadan. Malgré tout, ‘Dio’ veut accomplir ce précepte de l'Islam, si l'encadrement des ‘Lions’ l'y autorise, comme cela lui est permis en club. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, Diomansy Kamara se prononce aussi sur le match de samedi contre le Burkina Faso comptant pour la seconde journée des éliminatoires de la Can 2008.




Wal Fadjri : Comment appréciez-vous votre retour en sélection après huit mois d'absence ?

Diomansy Kamara : Cela fait plaisir ! Revenir en équipe nationale, c'est le but de chaque joueur professionnel. J'ai vécu une période assez noire avec ma blessure de deux mois. Revenir pour le match contre le Burkina Faso, cela fait très plaisir.

Wal Fadjri : Durant cette période, avez-vous beaucoup pensé à la sélection nationale ?

Diomansy Kamara : Bien évidemment ! L'équipe nationale m'a manqué. Mais, comme cette année, il n'y avait de matches éliminatoires, on a eu des vacances. C'est pour cela que la période a été plus longue. Revenir contre le Burkina Faso, surtout à Ouagadougou, c'est un très bon challenge. C'est quelque chose qui me motive beaucoup.
J'ai eu une blessure au mois de juillet, à mon deuxième entraînement, malheureusement. Ce qui m'a bloqué pour mon transfert et pour ma préparation. Maintenant, c'est oublié. Je suis content.

Wal Fadjri : Voulez-vous oublier la difficile période que vous avez traversée ces derniers temps ?

Diomansy Kamara : Cela veut dire que physiquement, je me sens bien. Que mentalement, je suis mûr. Une blessure, ce n'est jamais facile. C'est un peu l'ombre de moi. C'est pourquoi, j'ai dit que c'est oublié. Que je suis prêt à rejouer maintenant.

Wal Fadjri : A vous entendre, on dirait que vous avez beaucoup souffert de cette blessure ?

Diomansy Kamara : Non, je n'ai pas trop souffert. Je ne me suis pas fait opérer. C'est vrai que cela m'a perturbé par rapport au transfert. Je devais partir. Je ne devais pas rester. J'ai loupé quelques matches avec l'équipe nationale. Une blessure, ce n'est jamais facile. Mais, cela aurait pu être plus grave. Deux mois, c'est rien dans une carrière. Maintenant, c'est oublié.

Wal Fadjri : Qu'est-ce qui vous permettait de tenir le coup ?

Diomansy Kamara : J'ai juste eu une fracture. Je devais attendre que l'os se ressoude. J'ai patienté. J'étais à Paris où je faisais ma rééducation. Ce n'était donc pas trop contraignant. C'était plus qu'embêtant qu'autre chose... J'étais avec ma femme, ma fille, avec mes parents. Je n'étais donc pas tout seul. C'était un peu contraignant. Mais maintenant, c'est oublié. Je vais me concentrer sur le match de l'équipe nationale.

Wal Fadjri : C'était la période du vide pour l'équipe nationale ?

Diomansy Kamara : Honnêtement, c'est vrai que l'équipe nationale n'avait pas de match officiel. Il n'y avait que le match contre la Côte d'Ivoire entre le mois de juillet et le mois d'août. Il y a eu ensuite le match contre le Mozambique, au mois de septembre. Durant cette période, je pensais plus à mon transfert ou à mon équipe qu'à l'équipe nationale, car il n'y avait pas de match officiel.
A partir du septembre, de n'avoir pas été là contre le Mozambique, cela m'a un peu embêté. Aujourd'hui, je suis content d'être venu contre le Burkina Faso.

Wal Fadjri : Le Sénégal est leader de sa poule. Il va falloir confirmer devant le Burkina Faso à l'extérieur. Etes-vous déjà prêt à relever le défi ?

Diomansy Kamara : On les a joués en Tunisie en coupe d'Afrique. On avait fait 0-0. On voit que c'est une solide équipe. Ils ont perdu leur premier match. Ils vont vouloir se racheter à Ouagadougou devant leur public. Mais, on sait bien que le Sénégal a de très grands joueurs. On a une très bonne équipe. En étant sérieux et appliqué, on devrait faire un bon match là-bas.

Wal Fadjri : Vous avez réussi un doublé lors de la dernière journée. C'est un bon coup au moral avant de retrouver la ‘Tanière’ ?

Diomansy Kamara : On a joué ce week-end contre Leeds. Je suis rentré à la mi-temps et j'ai mis deux buts. Je suis donc en forme. Je retrouve l'équipe nationale avec un nouveau coach, un nouveau staff. On va voir comment cela va se passer.

Wal Fadjri : C'est un défi ou une simple continuité pour vous ?

Diomansy Kamara : C'est toujours une remise en question. Ce qu'on a fait avant, c'est oublié. On a fait une bonne Can. Aujourd'hui, il y a d'autres personnes qui sont en place. Il va falloir montrer qu'on est toujours au top.

Wal Fadjri : Pourquoi oublié le passé après avoir été la révélation sénégalaise de la Can 2006 ?

Diomansy Kamara : Pour moi, c'est un bon point de départ par rapport à l'équipe nationale. Mais, il faut se remettre en question. Il y a une autre Can qui arrive en 2008. Il va falloir qu'on sorte victorieux du match contre le Burkina Faso et qu'on finisse premier du groupe pour se qualifier. Si on se rappelle tout le temps les souvenirs, on n'avance pas. C'est vrai qu'aujourd'hui, j'ai un nouveau statut. Je suis bien dans cette équipe nationale. Cela va me permettre d'avancer, mais il va falloir maintenant prouver.

Wal Fadjri : Est-ce le changement de staff qui vous oblige à rouler avec le frein en main ?

Diomansy Kamara : Bien évidemment ! Il y a un nouveau coach. Il est venu me voir en Angleterre. On a bien discuté. Cela m'a fait plaisir de voir sa manière de travailler, de penser. L'équipe nationale, c'est toujours la même. Il y a de nouveaux coaches. Il va falloir travailler avec eux pour le bien du Sénégal.

Wal Fadjri : Le sélectionneur semble être intéressé par vous. Est-ce un motif de satisfaction ?

Diomansy Kamara : C'est vrai que j'ai une entière confiance du coach et cela fait vraiment plaisir à un joueur. La confiance du coach est très importante. Il est venu me voir en Angleterre. On a bien discuté. Cela m'a fait vraiment plaisir. Maintenant, j'espère gagner sa confiance sur le terrain.

Wal Fadjri : Qu'est-ce qui vous a obligé à rester en seconde division ?

Diomansy Kamara : J'aurais bien dû être transféré. J'avais deux grosses opportunités de partir en Italie, cet été. Malheureusement, le président n'a pas voulu me lâcher. J'ai eu cette blessure qui m'a contraint à rester. J'ai dû signer un contrat de trois ans dans mon club (West Bromwich Albion-Angleterre). Pour l'instant, on est cinquième du championnat. Au mois de janvier, le mercato ouvrira et on verra à ce moment ce que je ferai.

Wal Fadjri : Est-ce facile pour un joueur comme vous de jouer en seconde division ?

Diomansy Kamara : Aucun joueur ne veut rester en deuxième division. Surtout moi, avec la Can que j'avais faite. Une bonne année. Je voulais franchir un palier avec la Roma où je devais signer... Il y a eu les complications. A la fin de ma blessure, quand je suis revenu sur pied, je devais signer au Torino, mon président m'en a empêché. C'est le foot malheureusement. Je me suis remis petit à petit. Maintenant, je suis bien... Si l'équipe ne monte pas, je serai libre de partir avec l'accord du président. Je ne voulais pas rester à West Bromwich et cela, le président le savait très bien. Maintenant, le contrat que je souhaitais, il me l'a donné. Le manque à gagner que je n'ai pas eu en Italie, il me l'a comblé en me faisant signer un nouveau contrat. Maintenant, il veut que l'équipe monte. Si tel n'est pas le cas, on a trouvé l'accord que je partirai. Ce sera un sacrifice de trois à huit mois.

Wal Fadjri : Peut-on dire que l'option se fera dans le championnat italien ?

Diomansy Kamara : J'ai eu deux grosses opportunités en Italie. J'aime bien le championnat anglais. J'aimerais bien y rester. J'ai eu une proposition en Angleterre, mais cela ne m'intéressait pas. En Italie, la Roma et le Torino m'ont approché. Malheureusement, c'est cette blessure qui m'a handicapé. En plus, mon président qui ne voulait pas me laisser partir. Maintenant, d'ici janvier, on verra ce qui se passera.

Wal Fadjri : En tant que musulman, observez-vous le jeûne malgré le rythme de la préparation ?

Diomansy Kamara : Aujourd'hui (hier), je jeûne. On en a discuté un peu avec le staff pour voir comment cela va se passer. Personnellement, j'aimerais jeûner au moins jusqu'à jeudi puisque vendredi, on voyage et samedi on travaille. Moi, je jeûne dans mon club. Je ne vois pas pourquoi, je ne jeûnerai pas ici. Surtout qu'ici, on a entraînement qu'à 17 h. Donc, le matin on se repose. On ne fait pas vraiment quelque chose de physique. Maintenant, si j'arrive à trouver un accord avec le staff, je jeûnerai comme je le fais exactement dans mon club, en Angleterre. Je ne vais pas jeûner le jour du match.

Wal Fadjri : D'aucuns estiment que c'est dangereux pour les sportifs de haut niveau ?

Diomansy Kamara : C'est dangereux ! Que va dire le maçon, l'ouvrier qui travaille de 8 h du matin à 6 h du soir. Le Ramadan n'est facile pour personne. Maintenant, on va voir avec le staff. Si je vois que je n'arrive pas à tenir, je vois que c'est trop chaud et qu'il faut vraiment que je m'alimente et que je boive. A partir de là, je ne ferai pas le Ramadan. Pour l'instant, je jeûne et je vais voir comment cela va se passer.

Wal Fadjri : Si la majorité vous demande de ne pas le faire, accepteriez-vous ?

Diomansy Kamara : Il y a un match important samedi contre le Burkina Faso. Il faut être au meilleur de ses moyens. Dans mon club, en Angleterre, j'ai jeûné toute la semaine, sauf le samedi et j'ai marqué. J'étais en super forme. C'est pour cela qu'ici, j'ai envie de jeûner. C'est vrai qu'il fait chaud, mais les entraînements, c'est à 17 h. On verra !

Wal Fadjri : Le climat n'est quand même pas le même entre Dakar et l'Angleterre...

Diomansy Kamara : C'est vrai ! On va voir avec le staff. L'essentiel est que je sois en super forme. Mais, le Ramadan, c'est quelque chose de très important. C'est un mois béni. Si on peut allier les deux, tant mieux. Sinon, on verra.

Wal Fadjri : Verra-t-on le même Diomansy Kamara que le public a vu lors de la dernière Can ?

Diomansy Kamara : Tout ce qu'on peut promettre au public sénégalais, c'est la victoire. Les Sénégalais veulent les trois points. On va tout faire pour y arriver. On a les joueurs qu'il faut. On va bien s'entraîner cette semaine et on va emmener l'équipe nationale au Ghana et faire mieux que l'année précédente.