DOUDOU DIAGNE DIECKO, PRESIDENT DES AMATEURS : « Les arbitres doivent revenir sur leurs décisions s’il y a une méprise »

Doudou Diagne « Diecko » dans cet entretien revient sur les questions de l’heure en ce qui concerne la marche de l’arène sénégalaise. Le président des amateurs de lutte parle de l’encombrement de l’enceinte, des cachets élevés, du manque de cadres dans l’arène avant de suggérer aux arbitres de « revenir sur leur décision dès lors qu’il y a une méprise ».

Cette saison, les affiches entre ténors ne sont pas nombreuses, qu’est ce qui peut l’expliquer ?

C’est normal que les espoirs soient beaucoup plus en vue. Car, il y a de moins en moins de ténors. A part Yékini, Tyson, Gris Bordeaux, Bombardier et Baboye… l’arène manque de cadres. Maintenant, il y a des espoirs qui doivent monter de grade parce qu’ils sont des poids lourds et ils ont fait leurs preuves. Parmi eux, il y a Souley Dop, Elton ou Boy Nar. Qui malheureusement n’ont pas été à la hauteur lors de leur dernier face-à-face. Ils n’ont pas prouvé qu’ils avaient les moyens d’affronter Bombardier. Cependant il y a de belles affiches. Les promoteurs sont en train de faire la promotion de leur montage, mais il y aura avant la fin de la saison d’autres grands combats. Les amateurs pour l’instant sont satisfaits des combats sauf celui qui a mis aux prises Boy Nar et Elton.

Est-ce que les cachets trop élevés n’expliquent pas la rareté des affiches entre ténors ?

C’est l’un des principaux problèmes de la lutte. Les lutteurs ont tendance à faire monter les enchères. Mais tant qu’il y a une course effrénée vers les affiches, il y aura toujours ce problème. C’est la concurrence entre les promoteurs qui fait que les lutteurs demandent beaucoup d’argent. Et cela n’arrange personne. Tout le monde perd. Le promoteur qui s’engage à payer de grosses sommes d’argent ne doit s’en prendre qu’à lui-même, si demain il enregistre une perte.

On n’entend pas les amateurs sur la question de l’encombrement de l’enceinte…

(Il coupe) On disait que c’était les journalistes, maintenant on parle des photographes. Mais, il y a des gens qui pour rien au monde iraient dans les tribunes. Pourtant, ils n’ont rien à faire dans l’enceinte. Il y a trop de monde autour des lutteurs. C’est une question qu’il faut régler. Les amateurs qui ont choisi de faire le déplacement doivent être des privilégiés. Malheureusement, à cause de ce trop-plein dans l’enceinte, les amateurs ne voient pas les chutes. Ceux qui sont restés à la maison devant leurs téléviseurs sont mieux lotis. Cela n’aide pas la lutte. Certains amateurs finiront par se lasser. Heureusement, il y en a qui pour rien au monde ne ratent les journées de lutte. Car au stade, on oublie tous ses problèmes, on n’a pas le stress.

On ne vous a pas entendu non plus sur l’arbitrage ?

Les arbitres sont des humains, il peut arriver qu’ils fassent des erreurs. On est en train de discuter avec les responsables du Cng pour voir comment faire pour diminuer la fréquence des erreurs d’arbitrage. Les arbitres doivent revenir sur leurs décisions s’il avère qu’il y a eu une méprise. Quand la lutte passe en direct à la télévision, on doit pouvoir patienter un moment en cas de litige avant de donner une décision. Car, on passe et repasse l’action plusieurs fois. S’il y a toujours des erreurs d’arbitrage, les amateurs peuvent déchanter. Sur la règle des quatre appuis, on doit pouvoir trouver des améliorations. En laissant poursuivre l’action ou en interdisant les coups quand un lutteur est en mauvaise posture, il faut juste réfléchir pour l’améliorer.

Qu’apporte la lutte dans le développement du pays ?

La lutte s’est positionnée comme étant un outil de développement et d’intégration. Si on prend l’exemple de la Cedeao, on se rend compte que la discipline a beaucoup contribué à sa promotion. Les commerçants qui constituent la plus grande partie des amateurs savent maintenant qu’on peut voyager dans la sous-région et transporter sa marchandise à sa guise sans se soucier des douaniers. L’intégration sous régionale est devenue une réalité. Les dirigeants l’ont si bien compris. C’est pourquoi, ils font tout pour aider la lutte. Les politiciens également passent par la lutte pour se faire connaître.

Pensez-vous avoir atteint les objectifs à vous fixés par les amateurs ?

Mon objectif était de développer la lutte notamment du point de vue des assurances pour l’amateur. Mais notre souhait est aussi de voir une arène nationale. Aujourd’hui, plusieurs aspects ont trouvé des solutions. Les amateurs jouissent d’un respect de la part de toutes les autres composantes de la lutte. Leurs avis sont pris en compte dans les décisions prises par les responsables de l’arène.