THIECK, SUR SON FACE-À-FACE DE DIMANCHE PROCHAIN : " Bombardier est un adversaire de taille "

À moins d’une semaine de son face-à-face avec Bombardier, Thieck met les gants pour parler de ce combat. S’il évoque le grand respect qu’il voue à son adversaire, il n’en demeure pas moins convaincu que la victoire est dans ses cordes. Il évoque, dans cet entretien, sa préparation, son adversaire et les conseils que son ami El Hadji Diouf lui a délivrés en prévision de ce combat, qui lui ouvre la porte de la Cour des Grands. Une cour qu’il a rejoint tardivement, à 33 ans, après neuf combats en lutte avec frappe, pour sept victoires et deux défaites. Qu’en sera-t-il de son dixième duel ? Début de réponse dans cet entretien.

Thieck, à quelques jours de votre face-à-face avec Bombardier, pouvez-vous nous en dire un peu sur votre préparation, vous faites combien de séances par jour ?

Je faisais trois séances par jour, mais à l’approche du combat, je n’en fais que deux par jour. C’est compréhensible, car il faut aussi penser à mieux récupérer avant le jour J. Ce combat, je le prépare comme j’ai l’habitude de préparer un combat. Mais, cette fois, j’ai un adversaire de taille devant moi. C’est un champion que je respecte beaucoup. Seulement, c’est la loi du sport qui fait qu’on est obligé de s’affronter. Je rends grâce à Dieu, qui m’a tracé ce chemin et m’a permis de me frotter avec un ténor comme Bombardier, qui a fait ses preuves, et qui fut même roi des arènes pendant une certaine période. Sinon, je dirai que c’est un combat comme les autres, nous avons bien respecté notre plan de préparation. Personnellement, avec ou sans combat, je respecte les entraînements, et la préparation est quasiment la même. Nous avons fait notre part du boulot, le reste est du ressort de la volonté divine.

Vous êtes dans la peau de l’outsider, est-ce à dire que vous viendrez sans pression ?

Moi, je n’ai pas l’habitude d’avoir une pression de quelque nature que ce soit. Quand je descends dans l’arène, pour moi, il n’y a que deux issues, la victoire et la défaite. Maintenant, il faut s’entraîner et laisser le reste entre les mains de Dieu. Et ce qui devra arriver, arrivera, forcément.

Ce combat vous ouvre forcément les portes de la cour des grands. Quelle sera alors votre prochaine cible après l’étape Bombardier ?

Comme je l’ai dit tantôt, la victoire et la défaite vont de pair. Je vais vous raconter une anecdote : lors du premier combat entre Bombardier et Tyson, c’est Tyson qui m’a offert le billet pour aller au stade. Donc si aujourd’hui, après que j’ai confirmé dans l’arène, par la force des choses, je dois me frotter à Bombardier, je ne peux que rendre grâce à Dieu. C’est un énorme plaisir d’affronter quelqu’un comme lui. Quant à dire de quoi mon avenir sera fait après ce combat, je ne pourrai pas vous en dire beaucoup. Ce sera prématuré d’en parler, je pense qu’il faut d’abord résoudre cette équation de Bombardier. Quand on va en guerre, on ne pense pas aux autres empoignades tant qu’on n’a pas encore fini celle dans laquelle on est engagé.

On suppose que vous avez minutieusement observé votre adversaire. Dites-nous quelles sont les forces et les faiblesses que vous lui trouvez.

Bombardier, c’est un lutteur pour qui j’ai beaucoup de respect. Il a beaucoup de qualités. C’est un champion, il est audacieux, il ne recule devant personne, il a un mental de gagneur et c’est un très bon lutteur. C’est aussi un gars très poli et jovial, il aime le sport qu’il pratique. C’est vraiment un honneur de le rencontrer.

Essayez-vous de nous endormir en lui tressant autant de lauriers ? Et quelles sont les faiblesses que vous avez décelées en lui ?

Non, je ne lui trouve pas de faiblesse. Je n’aime pas parler en mal des gens. Notre culture nous apprend qu’il faut dire le bien que l’on connaît des autres et s’en limiter là.

Et quelles sont les forces et faiblesses de Thieck ?

Je pense avoir l’avantage d’être imprévisible. Aujourd’hui, personne ne peut cerner Thieck. Personne ne peut dire ce que j’apporterai dans un combat. À chaque fois que je descends dans l’arène, j’apporte une nouvelle façon de faire. Aucune de mes victoires ne s’apparente à une autre. Mais au-delà de cela, je laisse, aux observateurs, le soin de dire les forces et faiblesses qu’ils décèlent en moi. C’est du ressort des observateurs. Quand on est lutteur, on ne s’occupe que d’entraînements et de compétitions. On n’a pas le temps de faire des observations sur soi-même.

À quelques jours du combat, quel est le régime alimentaire auquel vous vous astreignez ?

Je n’ai rien changé de mon régime alimentaire, c’est la routine. Ma façon de manger est la même quel que soit le moment. Vous savez, moi, je suis un «talibé». Je vie comme toujours, rien a changé dans mes habitudes. Je prends mon petit-déjeuner le plus naturellement, le déjeuner et le dîner, je les prends avec les autres membres de ma famille. Il n’y a rien à signaler dans ce domaine.

Vous allez affronter un poids lourd. L’un des plus lourds de l’arène. Quel est le poids avec lequel vous descendrez dans l’arène, pour pouvoir détrôner Bombardier ?

Mon poids de forme, c’est 125 kg.

Ce sera donc un face-à-face entre deux montagnes de muscles. Devra-t-on s’attendre à une pluie de coups de poings ?

Dans un sport comme la lutte, on ne peut rien prévoir. Une fois dans l’enceinte, on fera ce que la réalité du terrain nous impose de faire. Si c’est la boxe qui s’impose, on s’y mettra et si c’est la prise qui s’impose nous ferons face. Ce n’est pas une affaire de lourds. Il faut s’attendre à tout. De toutes les façons, un combat de lutte peut être rapide ou lent, tout peut arriver. Maintenant, il faudra savoir s’adapter dans tous les cas de figures.

On sait que les affrontements entre lutteurs de Mbour et de Pikine se terminent souvent par des affrontements entre supporters des deux camps, du fait que les premiers passent par le territoire des seconds, les vôtres. Avez-vous rempli votre rôle de sensibilisation sur ce plan pour éviter ces éventuels débordements ?

Pour moi, on fait un mauvais procès aux supporters de Pikine. Très souvent, ce sont des gens qui viennent d’ailleurs qui profitent de ce genre de situation pour faire leur sale besogne et tout mettre sur le dos des Pikinois. Malgré tout, mes supporters sont à pied d’œuvre pour ce combat. Les réunions se tiennent de manière régulière pour préparer mon combat et tous les aspects sont pris en compte. Nous discutons de tout et j’espère qu’il n’y aura aucun heurt quelle que soit l’issue du combat, même si je souhaite qu’on fête la victoire dans l’allégresse. Je demande à mes supporters de se mobiliser, ce qui a déjà commencé depuis la signature du contrat, et de tout faire pour que la victoire soit de notre côté.

En parlant de supporter, vous en avez un de particulier, le footballeur El Hadji Diouf. Que vous a-t-il dit pour ce combat ?

El Hadji Diouf, c’est mon ami, c’est aussi un confident pour moi. Il représente beaucoup de choses pour moi. Pour ce combat, comme pour les autres, il me fait part de son soutien indéfectible. Même en dehors du combat, nous échangeons sur des idées diverses. Il me donne beaucoup de conseils. Pour ce combat, il m’a dit que mon adversaire est un redoutable champion, qui est venu dans ce milieu bien avant moi. Par conséquent, je lui dois beaucoup de respect, mais aussi de me baser sur mes qualités pour venir à bout de Bombardier. Je prends ses conseils très au sérieux parce qu’il représente beaucoup pour moi.

BABACAR NDAW FAYE ET IDRISSA SANE