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Yakhya Diop “Yékini”, chef de file de l’écurie Ndakaru :"Le complot qui a été orchestré contre moi..."

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Yakhya Diop “Yékini”, chef de file de l’écurie Ndakaru :"Le complot qui a été orchestré contre moi..."

C’est à la paisible cité Scat-Urbam que nous avons rencontré Yakhya Diop “Yékini”, le Roi des arènes, en compagnie de son poulain “Yékini Junior”. Vêtu d’un pantalon camouflage et d’un T-shirt bleu, le chef de file de l’écurie “Ndakaru”, très détendu, s’est livré au jeu des questions, sans dérobade. Sans détours donc, “Yékini” charge et accuse le promoteur Gaston Mbengue et d’autres acteurs du milieu de la lutte d’avoir ourdi un plan pour l’éjecter de son trône de Roi des arènes. Source Le populaire.

Le Populaire : Lors du point de presse de Gaston Mbengue, avant-hier, avec Tapha Guèye, vous êtes venu avec le Saint-Coran. Qu’est-ce qui explique cela quand on sait que le Coran est trop sérieux, même si du reste vous êtes un musulman ?

Yakhya Diop “Yékini” : D’abord, je tiens à vous remercier parce que c’est pour avoir la vérité des faits que vous vous êtes déplacés, et je suis tout à fait enthousiaste. Hier (Ndlr : mercredi), je suis venu avec un exemplaire du Saint-Coran et ce n’est pas une pratique courante. La raison, c’est que je suis musulman et très croyant. Et tout le monde sait que rien n’est plus sincère que le Coran. Et que si je jure sur le Coran, c’est que je dis toute la vérité. C’est l’unique raison de mon acte.

Mais c’est la première fois que l’on voit le Coran dans la lutte. Est-ce que cela ne vous dérange pas ? Ne vous a-t-on pas fait de reproches dans ce sens ? La lutte, ce n’est pas du “caaxaan” (plaisanterie). Et l’on ne voit nulle part dans le Coran où l’on dit que la lutte est bannie. Lors de notre combat (Ndlr : Tapha Guèye et lui), beaucoup de choses se sont passées. Et au Sénégal, chaque fois qu’il y a des événements, tout le monde fait des commentaires. J’ai simplement voulu couper court à ces supputations. Pour éclairer les gens, je répéte que j’étais venu pour lutter et non pour m’amuser. J’ai donc apporté le Coran parce qu’il y a eu des choses que Moustapha m’a dites durant le combat. Les arbitres l’ont entendu. Mon entraîneur l’a entendu, même s’il a fermé les yeux, tout comme les arbitres. Moi, je ne crois qu’en Dieu, j’ai donc apporté le Coran pour jurer que c’est Moustapha Guèye qui m’a dit qu’il ne va pas lutter et que je n’allais pas le saisir. Que ce n’est pas son problème. Si je rapportais simplement ses propos, les gens peuvent me croire, comme ils peuvent ne pas me croire. Comme nous sommes tous des musulmans, avec le Coran entre mes mains, les gens sauront que je dis la vérité et rien que la vérité. C’est Moustapha qui avait dit qu’il n’allait pas lutter, qu’il n’avait rien à faire du combat parce qu’il n’a rien à perdre.

Durant le combat, on vous a vus échanger des mots. Qu’est-ce que vous vous disiez concrètement ? C’est très simple. Je lui disais de m’affronter pour qu’on puisse lutter et il m’a rétorqué qu’il n’allait pas lutter. “Je n’ai rien à perdre, tu ne vas pas me saisir”, répétait-il.

Mais tu es plus puissant que Tapha. Qu’est-ce qui t’a empêché d’aller vers lui, de le saisir et le terrasser ? Il faut savoir que c’est l’intelligence qui complète la force d’un lutteur. Quand tu vas dans l’arène en mettant en avant ta force, tu risques d’avoir souvent des surprises. Moustapha était conscient que si je l’agrippais, c’était la fin du combat. La preuve, il y a eu trois accrochages et chaque fois c’est lui qui est tombé. Il a même essayé de me ceinturer par-derrière quand je me suis retourné, mais il est tombé à terre. Pourquoi je ne l’ai pas attrapé ? Cela ne doit pas vous étonner. D’ailleurs, lui-même l’a dit hier (Ndlr : mercredi). Il a déclaré qu’il s’enduit le corps avec des produits cosmétiques chers et parfumés qui rendent sa peau lisse. Même un autre que moi ne pouvait pas l’attraper. Il savait donc ce qu’il faisait. Et comme il ne portait aucun gris-gris auquel je pouvais m’accrocher, je ne pouvais jamais le saisir car son corps était lisse. Et en lutte, avant d’attraper son adversaire, il faut d’abord être sûr qu’il reste sur place.

N’as-tu pas été surpris par la tournure des événements, du fait d’un excès de confiance ? Tu es quand même venu au stade relax, comme si tu te promenais... J’ai été fidèle à ma nature, et rien ne peut me changer. Quels que soient les commentaires ou l’enjeu du combat, j’y vais toujours pour gagner. Comme vous le dites, l’autre jour, je n’étais pas venu pour rester longtemps dans l’arène. Car “Moustapha Guèye, dama xajul ci moom bu gnu taxawé bëré” (Ndlr : Moustapha, je n’en fais qu’une bouchée si on lutte normalement). Je savais qu’il allait fuir l’affrontement. Mais je disais qu’avant les 30 minutes, on devait en découdre, que j’allais prendre Tapha pour en finir avec lui. On n’a pas lutté 30 minutes, car Moustapha n’étais pas venu pour ça. Il était venu pour saboter le combat. À chaque fois que l’arbitre arrêtait la partie, il allait derrière les sacs pour causer, faire semblant de boire, chambrer Katy (Diop) et gagner ainsi deux à quatre minutes, avant de revenir. On n’a même pas lutté 15 minutes. Raison pour laquelle j’ai dit que Tapha était venu pour saboter. Il a eu ce qu’il voulait.

Mais personnellement, quel reproche te fais-tu au sortir de ce combat ? Je ne me reproche pas grand-chose, car j’ai fait ce que j’avais l’habitude de faire durant mes combats. Quand j’ai pris mon avance, je suis parti à New York deux semaines. Après, j’ai fait tout ce que j’avais à faire, en me préparant comme si je devais affronter deux lutteurs. Pour vous dire, c’est le combat auquel j’ai accordé le plus d’importance, parce que je m’attendais à un piège. La seule erreur que je crois avoir commise, c’est d’avoir accepté de lutter avec Moustapha Guèye.

Malgré ton poids, ton expérience et tes talents de lutteur, n’as-tu pas l’impression d’être justement tombé dans le piège de Tapha Guèye ? Non, non. Vous ne m’avez pas bien compris. C’est quand je suis entré dans le combat que j’ai su qu’il y avait un trou qu’on avait creusé pour moi. Et avec l’expérience que j’ai accumulée dans l’arène, j’ai compris que si je tombais dans ce piège, je serais ridicule. Trop ridicule même. Car c’est moi qui devais me débattre comme un lutteur et que Moustapha allait simplement courir. Finalement, c’est comme si je n’étais pas un Sénégalais et que je devais commettre l’erreur de mettre un bras par terre pour qu’on puisse donner la victoire à mon adversaire. C’étais ça le piège. Mais cela ne m’est pas arrivé parce que j’ai duré dans la lutte et je connais très bien le milieu. Quand j’ai observé la situation, avec un Moustapha Guèye qui sabotait, mais à qui ni le promoteur (Ndlr : Gaston Mbengue), ni le Cng, ni le parrain du combat Mansour Mbaye n’ont daigné parler, j’ai compris le piège. Il y a même quelqu’un qui est venu me souffler : “est-ce que tu sais que les gens veulent te piéger ?” Je lui ai rétorqué que je savais ce qui se tramait. Katy m’a dit de faire doucement. “Yootal ba jaap ko rek. Am na lo xamne booko defe rek mu ñaw”. Parce que les chutes de Tapha, si c’est moi qui étais tombé de la sorte, il serait rentré chez lui avec ou sans l’aval de l’arbitre. Et on lui aurait donné la victoire. C’était donc dans ça le piège que j’ai évité. C’est un complot qui a été orchestré...

Il se dit qu’il y a eu beaucoup d’argent dans ce combat. Est-ce vrai ? En tout cas, tout ce que je peux dire, c’est que le Cng nous a remis 20 millions chacun. Les sponsors nous ont aussi versé 25 millions. On a également reçu une prime de 5 millions pour le transport. Cela fait un total de 50 millions. Voilà, c’est tout.

On parle de Tapha, mais toi, qu’est-ce que tu reproches concrètement à Gaston et aux gens qui gravitent autour de la lutte ? Ce que je dis, c’est très simple. Quelques jours après la signature du contrat, j’ai croisé Gaston Mbengue sur la corniche des Parcelles assainies. On est descendus de nos voitures pour nous saluer, comme je le fais d’ailleurs avec tout le monde. “Dafa wacc rek mel ni ku jëfur. Nema : he boy, bul gaañ sama boy bi dé. Mani ko : grand, yaw kon danga far dé. Mu ni ma : deed, damay fo rek, dama ko waxe noonu”. Pour moi, c’était tout simplement une façon de parler. Mais j’y ai cru par la suite, parce que “Gaston Mbengue, ku bëg yax lambam, dafay wac nëw wax ak yow bala Cng di ñëw”. L’autre jour, lors du gala de lutte, on était ensemble au stade pour la signature du contrat. Et pour le combat Saloum-Saloum-Ciré Séras, ils ont été passifs un moment. Mais Gaston n’a pas perdu de temps, puisqu’il est venu les harceler et exiger qu’ils luttent afin que le combat aboutisse. Est-ce que vous avez une seule fois vu Gaston intervenir dans un quelconque sens, lors de mon combat avec Moustapha Guèye ? Vous ne l’avez pas vu ! Car ce n’était pas son problème. C’est ainsi que j’ai compris qu’il y avait quelque chose.

Vous voulez dire que Gaston soutenait Tapha Guèye ? Bien sûr qu’il soutenait Tapha ! Gaston est un complice de Tapha Guèye. Je vais vous faire une confidence : Gaston, il était avec un de mes amis que tout le monde connaît à Paris et il lui a dit que Yékini ne peut pas échapper à la défaite. Mon ami m’a appelé, alors que j’étais à New York, pour me dire que Gaston lui a dit ce qu’ils ont préparé sur le plan mystique et qu’il affirmait que je ne pourrai pas leur échapper. Car je n’étais qu’un humain et qu’il fallait que je sois terrassé. C’est pourquoi j’affirme que j’ai eu comme adversaires à la fois le promoteur Gaston Mbengue, l’écurie Fass et même le Cng, en plus de Tapha Guèye.

Donc, pour vous, le Cng fait partie des comploteurs ? Non, ce ne sont pas des gens qui me combattaient. Mais je dis qu’ils ont cautionné le complot parce que si un des protagonistes ou même les deux faisaient semblant de lutter, le Cng avait l’habitude d’aller les sommer de se battre. Quelqu’un comme Cheikh Tidiane Ndiaye (Ndlr : le vice-président du Cng), il ne respire que pour Fass. Il appartient à l’écurie Fass. Il ne doit même pas être membre du Cng parce qu’il prend parti de manière dangereuse. Il est comme Oumar Dia de la Rts, dont tout le monde connaît le parti-pris. Le plus écœurant, c’est que le lendemain, presque tout le monde dans la presse a écrit que c’est moi qui avais saboté le combat, à l’exception du Populaire et d’un autre journal. Ils disaient que c’est moi qui devais attaquer Tapha. Ce que je ne ferai jamais.

Si on vous suit bien, la préparation mystique du combat a été très difficile... Oui, c’était très difficile. Mais à Dakar, j’ai quelques amis, bien qu’ils ne soient pas nombreux. Ils sont bien et sincères et ils m’ont aidé. “Ndax da ñu ne barilé barkélé ko gën”. Ils me disent tout ce qui se trame. Et Moustapha Guèye avait dit quelque chose avant le combat, ce qui est même une insulte pour lui, mais il l’oublie. Il avait déclaré : “Je suis né à Dakar à Abass Ndao. J’ai grandi à Dakar et je ne suis pas comme Moussa Diamé ou Robert qui sont des étrangers à Dakar”. Ce qu’il oublie, c’est que nous qui sommes là présentement, personne parmi nous n’habite Dakar. Certaines autorités ont été outrées par ces propos et elles m’ont appelé pour me remettre beaucoup d’argent afin de renforcer ma préparation mystique. Pour vous dire que même si on m’avait opposé à trois Moustapha Guèye, ils ne pouvaient pas me terrasser. Car je savais ce qu’il avait préparé contre moi. Et j’ajouterais que non seulement ces autorités m’ont remis de l’argent, mais encore elles ont préparé des choses pour moi. Je pense que même si j’avais soulevé les bras et que Moustapha s’accroche à moi, c’est lui qui serait retrouvé à terre.

On raconte que des lutteurs de votre écurie qui étaient proches de Fass ont été écartés de votre entourage car vous les soupçonniez ? C’est vrai et nous les avons renvoyés de l’écurie avant le combat. Ils sont au nombre de trois, mais je n’ai pas besoin de citer leurs noms. Toujours est-il qu’en lutte, on collabore avec des gens en qui l’on a confiance.

Quels rapports entretenez-vous avec Mbaye Guèye ? Regardez celui-là (il désigne du doigt un monsieur assis à côté de lui), il s’appelle Mamadou Niang. C’est mon oncle, mais c’est aussi mon père. J’ai le même âge que son fils. Une fois, alors que j’étais à Paris, il a eu l’initiative et la clairvoyance de prendre mon argent pour le remettre à Khadim Samb, afin de ce dernier le donne de ma part à Mbaye Guèye qui revenait de La Mecque. Avant de le faire, il m’en a informé et je lui ai dit que si j’étais à Dakar, j’allais personnellement lui offrir un bœuf. Et pourtant, je n’ai jamais parlé avec Mbaye Guèye les yeux dans les yeux, parce que cela ne m’intéresse pas. L’essentiel pour moi, ce sont les beaux actes. Après, il s’est procuré mon numéro et m’a appelé au téléphone pour me remercier. Je lui ai dit que si c’était quelqu’un d’autre parmi les anciens lutteurs, j’allais faire de même. Après mon combat avec Tyson, je lui ai encore donné le même montant, de même qu’à d’autres anciennes gloires. Mais, pour être franc, j’avoue que Mbaye Guèye m’a déçu.

Comment ça ? Quelqu’un qui dit être un guide ne se trompe jamais. Et après le combat, mes guides m’ont dit de ne pas parler. Depuis le combat, vous ne m’avez pas entendu parler, à part hier (Ndlr : mercredi). Mais Mbaye Guèye, Momar Ndiaye, Moustapha Guèye et leurs autres supporters, ils ont tout dit. Mbaye est même allé jusqu’à m’accuser de choses, alors qu’il est sûr et certain qu’il n’osera jamais le jurer sur le Saint-Coran. Il dit que je suis né dans la brousse et que la date de naissance que j’ai donnée est fausse, alors que nous n’avons pas cette relation. Certes, je ne suis pas né à Dakar, être né à Dakar, c’est bien, pourvu simplement que tu aies le “jöm”. Car Mbaye Guèye, il est de Fass, mais aujourd’hui, il n’habite plus à Fass. Moustapha Guèye, là où il habite maintenant, si je n’avais pas accepté de lutter avec lui, les travaux ne seraient jamais achevés. Moi, je suis venu à Dakar, il n’y a pas longtemps, mais j’ai une maison à Dakar. À Joal, d’où je suis originaire, personne n’a une maison plus belle que la mienne. Donc moi je n’envie personne. Moustapha, je l’invite à réfléchir, car si c’est aller danser avec de très belles filles, ce n’est pas l’exemple que nous devons donner aux jeunes qui viendront après nous. Les jeunes doivent hériter quelque chose de nous et aller danser, ce n’est rien. Nous voyageons partout et rencontrons de très belles filles avec qui nous pouvons faire ce que nous voulons. Mais la vie, ce n’est pas ça. Moi je travaille pour le Sénégal. Je veux que demain, même si je ne suis plus là, si on parle des gens qui ont fait de bonnes choses pour la lutte, que l’on puisse me citer. Je suis né à Joal et j’y ai grandi. Et si Tapha avait un peu le sens de la raison, il n’allait pas parler de ces choses, car Léopold Sédar Senghor qui fut le premier président du Sénégal est né à Joal. Donc je peux me glorifier d’être né à Joal.

Ne craignez-vous pas que la tournure du combat puisse constituer un blocage pour votre avenir dans l’arène ? Au contraire, cela me soulage. Car j’avais dit un moment que j’allais lutter avec tout le monde, et que c’est un risque. Si j’avais imaginé que ce combat allait se dérouler ainsi, je ne me serais jamais engagé. Maintenant, si on me donne un combat que je refuse, les gens sauront les raisons, car je n’aime pas les combats inachevés. Maintenant, je saurais les gens avec qui je vais lutter et je ferais beaucoup plus attention.

Quels sont les lutteurs que vous comptez affronter dans un futur proche ? Si je dis leurs noms, je ne pourrais pas les préparer pour les terrasser. La lutte, ce sont des astuces, il faut faire doucement pour pouvoir battre ton adversaire. Mais je tiens à dire que je vais lutter avec les gens avec qui je dois le faire.

Pour la suite de votre carrière de lutteur, qu’est-ce que vous redoutez ? Est-ce le retour de Tyson ou la génération montante ? Dieu sait que je n’ai peur de rien dans cette vie. Et vous savez pourquoi ? Simplement parce que je sais que je suis jeune et dans l’arène, personne ne lutte mieux que moi. L’heure à laquelle je me lève pour m’entraîner, je ne dis pas qu’aucun lutteur n’est debout à ce moment-là, mais l’écrasante majorité d’entre eux est en train de dormir.

Et c’est quelle heure ? Je me lève à 4 heures ou à 05 heures du matin. Des fois, c’est quand je reviens des entraînements que les gens prient Fajar. Et quand je retourne chez moi, je prie, j’égrène mon chapelet, je lis le Coran avant de m’endormir.

Mais ne crains-tu pas certains lutteurs comme Gris Bordeaux, Balla Gaye ou encore Yékini junior avec qui tu ne va jamais lutter ? Je suis conscient qu’un jour je vais tomber et qu’un lutteur plus âgé que moi ne va pas me terrasser, mais que ce sera plutôt un jeune. Mais il faut qu’il travaille dur et beaucoup, car ce n’est pas facile de me terrasser. Il lui faut beaucoup travailler et apprendre davantage. Je vous dis cela parce que j’ai épuisé le livre de chevet de la lutte. Il y a des champions dans l’arène qui ne vont gagner aucun combat si on les emmène à Adrien Senghor. Alors que moi, j’ai gagné une soixantaine de tournois de lutte traditionnelle. Hier, j’ai entendu Moustapha dire qu’il était parti aux Jeux olympiques de Séoul et qu’il a fait des Jeux africains. Mais ça, c’est facile. Quand il est parti aux Jeux olympiques, qu’est-ce qu’il a ramené ? Il n’a pas eu de victoire. Et aux Jeux africains auxquels il a participé, c’est un Nigérian du nom de Victoire qui l’a humilié. Moi qui suis le dernier venu, en 1999, j’ai été deuxième aux Jeux africains à Johannesburg, et j’étais le seul à avoir une médaille d’argent parmi toute l’équipe. Je ne dis pas que j’ai tout fait. Mais ce que j’ai fait, aucun lutteur ne l’a encore fait. En lutte traditionnelle, j’ai eu sept médailles d’or et j’ai été deux fois meilleur lutteur africain.

Certes, tu es le Roi des arènes, mais est-ce que tu as des idoles dans l’arène ? Je vais vous dire et vous saurez que je suis sincère, je commence par Moustapha Guèye, dont j’ai toujours dit que je le respecte. Parce que c’est un grand lutteur quoiqu’il m’ait fait quelque chose qui ne me plait pas, mais sur ce plan, c’est un modèle. Deuxièmement, il y a Tyson, que je respecte pour sa personnalité, sa persévérance. Ces deux, je peux parler d’eux et je suis sincère.

Et parmi les anciennes gloires ? Robert Diouf et Birahim Ndiaye. Un jour, Robert m’a dit : “Si tu veux lutter, moi je peux être ton père, mais je ne suis pas plus fort que toi en lutte. Cependant, ce qui permet de faire la différence, c’est qu’il faut se lever à l’heure à laquelle ils ne se lèvent pas, et dormir à une heure où ils ne dorment pas”. Birahim Ndiaye, je l’ai rencontré. Il m’a dit et il y a longtemps de cela : “Boy, je ne te donne qu’un seul conseil car je sais que ’lamb-ji sa looxo lay mouj’. Seule cette chose peut t’épargner ce qui est arrivé à beaucoup de lutteurs. Ne va jamais quémander dans les bureaux et n’essaye même pas de connaître où logent les promoteurs. Si tu le fais, on en reparlera demain. Quand tu as faim, résiste car cela ne va pas te tuer. Si tu n’a pas d’habits, ne t’en fait pas”, m’a-t-il dit. L’histoire lui a donné raison. Et je ne cesse de les remercier car ce sont des modèles. Ce qu’ils m’avaient dit, je suis en train de le vivre.

En dehors des entraînements et du réveil matinal, que fait Yékini dans la journée ? Ce que j’adore le plus, c’est la mer. Après avoir fait ce que j’ai à faire, j’aime aller à la mer. Et je tombe aussi amoureux, car je sais que c’est là où vous voulez en venir (rires). C’est la raison pour laquelle je me suis marié très tôt, tout au début de ma carrière. Dieu a fait que nous nous sommes séparés, mais nous avons un fils. Et ce qui nous a séparés me déplait aussi bien qu’a mon ex-femme. Mais cela ne m’emballe plus comme avant, quand j’allais danser comme les gens. J’ai vraiment dépassé ce stade. Je ne dis pas que je ne vais pas rendre visite à une femme que j’aime. Je le fais.

Pourquoi la mer ? Comme je fais deux séances par jour, les samedis, j’y vais pour me relaxer. Surtout quand je pars à Joal, je passe la journée sur la plage et je joue avec les enfants. On cherche un mouton qu’on met à côté pour le grignoter tout doucement. Mes origines sont les îles du Saloum, à Bassoul. Parce que c’est de là que viennent mes parents. Des fois, on peut y aller avec une petite copine pour se reposer.

On a l’impression que Yékini mange beaucoup de viande et de haricots. Peut-on en savoir plus sur vos goûts culinaires ? Non, je ne mange pas de viande, mais j’aime beaucoup le ceebu jeen. Par contre, quand je prépare un combat, je mange surtout des pâtes et des fruits.

Et le ceré... Certes je suis Sérère, mais je ne suis pas un adepte du ceré. Ce n’est pour rien, mais comme je suis de Joal et que je ne connais que la mer.

Et Senghor, quel lien affectif vous lie à lui ? Ce que je retiens chez Senghor, c’est la confiance en soi. Car Senghor conduisait les bêtes au pâturage et allait en même temps à l’école. C’est cette conviction qui a fait de lui un président.

Que détestez-vous le plus chez un homme ? Je déteste ceux qui calomnient et mentent. Par contre, j’adore la sincérité et la franchise. Ce combat m’a permis de beaucoup apprendre. Car il y a beaucoup de gens qui étaient près de moi alors qu’en réalité c’étaient des hypocrites.



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