Ni eau ni électricité. Manque de matériels, enclavement, inondations, etc. La liste et longue. Le centre communautaire des albinos de Thiès, le seul en Afrique de l’Ouest, manque de tout. À l’occasion de la journée internationale de l’albinisme célébré ce samedi 11 juin, Seneweb y a fait un tour. Visite guidée.
Niché au cœur du quartier Sampathé de Thiès, le Centre communautaire des albinos est à l’agonie. Murs défraichis, portes des salles en piteux état, le bâtiment croule sous le poids de l’âge. Bâti sur une superficie de 400 m2 en 1995, l’ouvrage offert par les États-Unis menace ruine.
Il est en état de délabrement très avancé. Le mobilier est inexistant dans les 3 salles que compte la structure. Des chaises cassées, sans siège ni dossier, ornent le décor. Les toilettes sont délabrées et en mauvais état. Pis, la structure est dépourvue d’électricité, d’eau et de ligne téléphonique. Ses habitants sont laissés à la merci des féticheurs, qui les guettent en raison de leur singularité.
Mouhamadou Bamba Diop, président de l’Association nationale des albinos du Sénégal (Anas), le maître des lieux, déplore cette situation dans laquelle se trouve le centre dédié aux albinos, qui fait face à des difficultés financières énormes.
« À tout moment, la toiture peut tomber sur les enfants »
« Les problèmes auxquels le centre communautaire des albinos est confronté sont nombreux. Vous avez vu, vous-même, que le bâtiment est vieux. La toiture ne tient plus. Le mobilier est très ancien parce qu’il date de 1995. Le centre n’a pas d’électricité. Il a des problèmes d’eau. Aujourd’hui, les albinos qui sont au sein de ce centre ont toutes les difficultés. Et les problèmes de sécurité se posent. Parce que, le centre est tellement enclavé qu’il est même très difficile de venir ici.
En période hivernale, il est inondé. Même le personnel qui est là aujourd’hui, traverse d’énormes difficultés. Nous avons du mal à gérer aujourd’hui, ce centre. Il y a même des risques, parce qu’à tout moment, la toiture peut tomber sur les enfants. Le centre abrite, en effet, une classe préscolaire pour les enfants du quartier », soutient M. Diop, par ailleurs coordonnateur de l’Alliance des albinos de l’Afrique de l’ouest.
L’état déplorable de ce centre unique en Afrique fait que sa capacité d’accueil, d’hier à aujourd’hui, a drastiquement chuté. « En 1997, le centre recevait presque 150 à 200 enfants y compris des albinos qui venaient régulièrement et tous les jours, parce qu’il y avait un bus que le centre avait pris en charge. Mais, aujourd’hui l’ouvrage a des difficultés. Depuis sa création à nos jours, le ministère de l’Éducation nationale ne nous octroie pas une subvention, qui aujourd’hui peut permettre au centre de survivre. L’État aussi ne nous aide pas. Aujourd’hui, le personnel qui est là est totalement pris en charge par la Case des tous petits.
Donc, nous avons deux enseignants qui gèrent la garderie. Le centre de formation en informatique a fermé. Le centre de formation en tapisserie a fermé. Le centre de couture a également fermé. C’est dire que, jusqu’à présent, nous avons d’énormes difficultés à trouver un matériel adéquat pour pouvoir aider ces jeunes albinos qui ont l’âge d’aller à l’école de pouvoir vraiment venir au niveau du centre pour bénéficier d’une formation qui pourra leur permettre, à l’avenir, d’être des acteurs de développement », regrette le président de l’Anas.
11 ans sans électricité
Il manque presque de tout dans ce centre. L’ouvrage est vétuste. La toiture menace ruine. Il n’y a pas de matériel didactique et encore moins de mobilier bureautique. Tout ce matériel date du projet d’appui à la promotion de groupements de Mme Aminata Mbengue Ndiaye, à l’époque du président Abdou Diouf. Tout y est tellement archaïque, car n’a pas été changé depuis le régime socialiste.
Aujourd’hui, il n’y a que la garderie qui reçoit quelques enfants du quartier, aidés gratuitement pour préserver le nom du centre. Et peut-être retenir certains enseignants qui sont là, en attendant que le problème des albinos soit réglé. « Aujourd’hui, s’il y a un problème auquel les albinos sont aussi confrontés, c’est le déplacement. Les albinos sont dans des zones très enclavées et ceux qui sont là actuellement vivent d’énormes difficultés, mais ne peuvent pas abandonner le centre. Ils n’ont pas d’autres destinations. Ce qu’ils peuvent faire, c’est rester et essayer de se débrouiller pour vivre, en attendant que les autorités et Dieu leur viennent en aide », note M.Diop.
Hôte de plus d’une centaine d’albinos, dans un passé récent, le centre ne peut recueillir aujourd’hui que 3 individus. La moiteur des lieux empeste l’endroit. Les toitures qui menacent ruine ainsi que l’image désolante offerte par le site témoignent de l’état de dégradation avancée dudit centre. En son temps, ce qui fut un joyau dédié aux albinos, à Thiès, est aujourd’hui une demeure ordinaire, dépourvue de tout. Les rares bagages trouvés sur le site ne trouveraient aucun acquéreur, si les responsables songeaient à l’écouler.
Les cambrioleurs s’en mêlent
Devant ce spectacle désolant, Bamba Diop, n’a pas mâché ses mots pour fustiger l’inertie des autorités face à la situation que traverse le centre.
« Ce matériel a été reçu sous diligence de Mme Élisabeth Diouf. C’était des jouets pour la garderie, du mobilier pour les salles de classe et pour la salle de vie. On avait reçu des ordinateurs, une machine à coudre. On avait même un moulin que les femmes albinos et les femmes du quartier utilisaient. Mais aujourd’hui, tous ceux qui travaillaient au centre sont partis. Nous avons un poulailler qui avait été financé sur fonds propres. Des jeunes qui ont été déjà formés attendent des soutiens financiers pour développer ce volet avicole, qui dans le temps permettait au centre de payer ses factures d’électricité et d’eau. Aujourd’hui, ces albinos qui sont là vivent dans le noir, dans l’insécurité », poursuit-il.
Le centre avait pour vocation de développer le volet embouche bovine qui regroupait l’élevage, le maraichage et l’aviculture. Mais en 2003, il a été l’objet d’une agression. Des voleurs ont attaqué le centre. Ils étaient armés et ont tiré des coups de feu. Les gardiens ont pris la fuite. Ils ont amené, dans leur retraite, le bétail composé de 5 veaux et de 10 béliers qu’on apprêtait à mettre sur le marché pour la tabaski. Qu’en serait-il, si c’était des gens qui étaient venus chercher, pour des fétiches, des albinos à sacrifier ? C’est une probabilité que n’ose pas imaginer le responsable de l’Anas.
Abandonnés à eux-mêmes
Selon le président de l’Association, le centre avait contribué à l’électrification dans toute la zone. « C’était un branchement privé que nous avions mis à la disposition de la Senelec pour permettre aux honnêtes citoyens qui désiraient venir s’installer d’en profiter. À l’époque, nous étions seuls dans la zone. Mais, en 2005, lors d’une émission où j’étais invité sur le plateau d’une télévision privée pour parler des problèmes du centre, la Senelec a profité de mon absence pour venir sur le site et démonter le compteur. Depuis lors, le centre vit sans électricité à cause d’un cumul de factures impayées. Nous n’avions pas assez de moyens. La dernière facture se chiffrait à près de 20.000 FCFA, mais le cumul fait un total de plus de 100.000 FCFA. Le centre ne dispose pas, non plus, d’eau. La ligne téléphonique a été coupée, depuis plusieurs années. Tout cela faute de ressources financières, de soutiens venant des autorités étatiques, mais aussi d’absence de partenaires techniques et financiers. Nous savons tous qu’un centre comme celui-ci devait être accompagné par des structures étatiques, par la municipalité et même par des institutions qui sont au Sénégal », déplore le sieur Diop.
À l’ouverture du centre, il y avait également une structure hospitalière. Les albinos y recevaient des soins primaires avant d’être acheminés à l’hôpital et avaient à leur disposition un médecin pour les conseiller sur la médicamentation et sur les crèmes solaires. Aujourd’hui, tout cela est perdu, faute de moyens. « On parle d’inclusion, mais je pense que cela doit concerner également les albinos. Donc, si ce centre est délaissé, abandonné aux albinos, c’est parce que quelques part, l’État ne prend pas en compte les problèmes auxquels les albinos sont confrontés », peste M.Diop.
« Le seul centre au Sénégal et en Afrique de l’ouest »
Et pourtant, ce centre est le seul dans son genre en Afrique de l’Ouest. Il n’est pas rare de voir des albinos venant d’autres localités du pays poser leurs baluchons, même s’ils sont conscients qu’ils sont dans l’insécurité. Car, c’est le seul qui existe en Afrique de l’Ouest.
À l’accession au pouvoir de Macky Sall, une journée porte ouverte a été organisée au centre. « Nous avions reçu la visite de presque toutes les autorités étatiques. Le président Sall n’était pas venu, mais sa conseillère, Mme Aïssatou Cissé, était présente. On nous avait fait des promesses. On nous avait même demandé de déposer la maquette du projet de rénovation du centre. Mais ce qui nous étonne, c’est que jusqu’à présent, l’État ne veut pas se prononcer sur notre devenir.
Aujourd’hui, ce centre n’est plus dédié aux albinos, mais il est devenu un centre inclusif. Une insécurité totale y règne. Si l’État prenait en charge ce centre, je pense que cela allait favoriser le retour massif des albinos. Parce qu’ils se sentiraient en sécurité. Cela pourrait aider à réduire le taux de mendicité, d’alphabètes et d’illettrés » , plaide Bamba Diop.
22 Commentaires
Jack
En Juin, 2016 (09:51 AM)Anonyme
En Juin, 2016 (10:01 AM)Je veux juste comprendre, merci.
Anonyme
En Juin, 2016 (10:06 AM)Anonyme
En Juin, 2016 (10:10 AM)Anonyme
En Juin, 2016 (13:21 PM)comment peut on abandonner ces gens à leur triste sort?
on doit les aider , s'ils quittent le centre, ces satané féticheur vont les tuer pour des sacrifices bidon
Anonyme
En Juin, 2016 (16:10 PM)Anonyme
En Juin, 2016 (16:12 PM)Anonyme
En Juin, 2016 (17:29 PM)Anonyme
En Juin, 2016 (17:52 PM)POUR
Être considéré comme quelqu’un qui aura donné en aumône 1 000 dinars
Que TOUS SES VŒUX SERONT EXAUCÉS,
Bénéficier en outre de BÉNÉDICTIONS aussi importantes en quantité que le NOMBRE DE JOURS DE L’EXISTENCE TERRESTRE
Chaque lettre ON LUI BÂTIRA UN CHÂTEAU au PARADIS ÉTERNELLE
youtu.be/Y4LQBiCdXsk
Laboureur
En Juin, 2016 (18:56 PM)Die
En Juin, 2016 (23:06 PM)Die
En Juin, 2016 (23:06 PM)Die
En Juin, 2016 (23:06 PM)Die
En Juin, 2016 (23:06 PM)Die
En Juin, 2016 (23:06 PM)Die
En Juin, 2016 (23:06 PM)Die
En Juin, 2016 (23:06 PM)Die
En Juin, 2016 (23:06 PM)Die
En Juin, 2016 (23:06 PM)Die
En Juin, 2016 (23:06 PM)Anonyme
En Juin, 2016 (23:10 PM)Anonyme
En Juin, 2016 (14:18 PM)Participer à la Discussion