Le match Burkina-Sénégal (0-1) continue de faire des vagues. Après le vrai-faux débat sur l’âge de certains cadres, c’est au tour des joueurs d’émettre des réserves sur les choix tactiques de leur sélectionneur, Henryk Kasperczak.
Drôle de manière de laver le linge sale de la famille. Des joueurs qui critiquent publiquement les choix de leur entraîneur, ça n’arrive pas souvent dans la vie de la «tanière». Pourtant au lendemain de la défaite des Lions en terre burkinabè, c’est à un tel scénario qu’on est invité si on se fie à la sortie cette semaine dans la presse de certains joueurs. Le coup de vent inattendu du stade du 4 août a exhumé de vieux fantômes et, surtout, bouleversé l’état de grâce de Henryk Kasperczak, sélectionneur national aux choix discutables et discutés par une partie de la «tanière».
C’est l’un des doyens de l’équipe, Henri Camara, sept ans à gambader avec le maillot national au vent, qui a été le premier à donner le ton des chamailleries du moment, à égratigner le patron Franco-Polonais sur ses choix du moment : «Malick Bâ méritait d’être dans l’équipe de départ. Lui, avec un ancien, c’est le milieu de terrain idéal pour nous.» L’intéressé, sociétaire du Fc Bâle (D1 Suisse), a enfourché la même trompette en émettant des réserves sur le choix des hommes, sur le cramponnement des décideurs techniques de la «tanière» : «L’Equipe nationale ne peut plus se contenter de noms», a avisé Malick Bâ. Avant de lancer une pique à certains «cadres» qui ont traîné leurs lourdeurs et leurs godasses à Ouagadougou face aux Etalons : «Il faut venir en Equipe nationale pour se donner à fond. On doit laisser de côté les noms et le passé, pour avancer. L’Equipe nationale, c’est sacré.»
Frédéric Mendy, crédité d’une grosse prestation contre le Mozambique, mais oublié à la surprise générale sur le banc pendant 90 minutes au stade du 4 août, est à son tour entré hier dans la danse : «Je n’ai rien compris, je suis déçu. C’est une défaite qui me fait très mal», a commenté le Bastiais dans les colonnes de Walfsports. Le feu follet du couloir gauche des Lions a abondé dans le même sens que Malick Bâ, en dénonçant de manière voilée la piètre prestation de certains anciens de la «tanière» qui surjouent sur leur statut d’«historiques» : «C’est clair, aujourd’hui l’Equipe nationale ne peut plus se suffire de noms. Ce temps est révolu, il faut rajeunir l’équipe quand il le faut, apporter du sang neuf et sélectionner les meilleurs.»
Pourtant en dépit de ces railleries sur ces choix à Ouagadougou qui s’échappent de la «tanière», Henryk Kasperczak, qui avoue «chercher encore la meilleure formule», refuse de capituler : «Je ne me suis pas trompé sur les choix. Je ne sais pas ce que Malick Bâ pouvait faire. Ce n’est pas parce que j’ai mis Abdoulaye Diagne Faye à la place de Malick Bâ que je me suis trompé. C’est un choix. Si cela n’a pas marché contre le Burkina, c’est par la faute de l’ensemble de l’équipe.» Son adjoint, Lamine Ndiaye, dans une forme solidarité de corps, est aussi venu à son secours : «Quand on fait une composition d’équipe, on ne la fait pas pour perdre. On la fait en âme et conscience et l’on pense mettre les meilleurs joueurs du moment pour x ou y raisons que l’on ne peut pas détailler comme ça. Mais, il n’y a pas à chercher de midi à 14 heures.»
Des explications qui apparemment n’ont pas prospéré dans et hors de la sélection, si on se fie aux récentes agitations de certains joueurs qui n’arrivent toujours pas à digérer la gifle de Ouaga. De là à parler d’un début de malaise au sein de la «tanière», c’est un pas très tentant. A moins que le Franco-Polonais ne procède à une reprise en main du groupe au plus vite, au risque de voir la «tanière» virer à la démobilisation générale, piégée dans une lutte des classes voire carrément un conflit de générations. Et Kasperczak n’en a vraiment pas besoin en ce moment.
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